La Bière au pays de la Bière

De
mémoire d’homme, la bière a toujours été pour la Belgique une source de
plaisir, de revenus, d’emploi, de culture et de fierté nationale. On la
fabrique principalement avec de l’orge germée, séchée, grillée, brassée puis
fermentée.
Résultat : ça mousse, c’est plus ou
moins amer, selon la quantité de houblon entrant dans sa préparation, ça
désaltère et ça s’avale partout dans le monde, à toute heure de la journée.
La France a son vin, l’écosse son Whisky, le japon son saké et la Belgique
ses bières blondes, rousses ou blanches … . Il y en a pour tous les goûts,
et tous les goûts sont dans la nature.
Avec plus de 500 bières
différentes, la Belgique connaît une culture brassicole des plus anciennes
et des plus riches du monde. La Belgique n’est cependant pas le berceau de
la bière, il faut remonter quelque 9000 ans en arrière aux sources mêmes de
l’agriculture : en Mésopotamie. Entre Tigre et Euphrate, le hasard voulut la
découverte d’un breuvage fort agréable à boire, par fermentation de
céréales…
Notre histoire brassicole ne
commence qu’au début du moyen âge. Nos brasseurs ont donc bien eu le temps
de peaufiner la formule ! D’où vient le mot « bière » ?
Il se trouve dans plusieurs langues
et, quant à son origine, on ne peut que se perdre en conjectures entre
l’anglais barley (orge), le gallois brace (orge fermenté) ou le latin bibere
qui veut dire boire. Il est en revanche officiel que le premier texte dans
lequel figure le mot bière date de 1435.
En
Europe, les allemands sont les premiers consommateurs de bière avec 139
litres par an et par habitant. La Belgique arrive en quatrième position
derrière l’Irlande et le Danemark, avec 108 litres par habitant. Une place
honorable même si, depuis quelques années, la consommation moyenne de la
Pils subit une érosion sensible. Par contre, les bières artisanales, les
bières spéciales et les bières d’abbaye connaissent un succès très
florissant. Tout semble indiquer que l’avenir de notre secteur
brassicole sera largement épaulé par ce segment de bières dites
artisanales. Notons enfin que la Belgique compte un café pour 317 habitants,
et que le Belge, convivial par nature, boit un peu moins de 70 % de sa bière
dans l’un ou l’autre débit de boissons.
A votre
santé !. C’est bien ce qu’on dit lorsqu’on lève son verre. C’est d’autant
plus exact que boire de la bière est sain. L’abus, bien entendu, nuit à la
santé mais il est prouvé que la bière, bue modérément, stimule le
métabolisme, influence favorablement le fonctionnement des reins et du foie,
et exerce e outre une influence positive et relaxante sur les nerfs. Il
s’agit sans doute de la boisson alcoolisée la plus saine. La bière est un
produit naturel. Notons que le houblons est bien connu pour ses vertus. La
lupuline du houblon à par exemple des effets calmants qui favorisent le
sommeil. Un petit verre de bière avant de se coucher sera plus salutaire et
bien plus sain qu’un somnifère !
Et si vous êtes enrhumés, ne vous
jetez pas d’emblée sur les médicaments, essayez d’abord cette recette de
grand – mère : faites chauffer une Marckloff, ajoutez - y du miel, du
citron, de la cannelle et des clous de girofle, buvez le tout très chaud et
… allez vous coucher ! Et puis, Louis Pasteur n’a-t-il pas déclaré
publiquement que « la bière constitue un apport précieux à l’alimentation
rationnelle et à l’hygiène » ?
La
grande famille des bières belges
Outre la Pils et l’Export qui
forment un duo de tête, nos faveurs se partagent entre les catégories dites
spéciale, Régionale, Blanche, Saison, Trappiste et Vigoureuse. Et comment ne
pas parler des bières belges sans évoquer les insurpassable Lambics de la
vallée de la Senne comptées parmi les plus remarquables de la planète.
Breughel l’Ancien faisait déjà de la Gueuze un des éléments anecdotiques de
ses œuvres géniales au milieu du seizième siècle…
Gastronomie
et rituel de la bière.
Cela se sait depuis longtemps :le
Belge est épicurien, convivial et amateur de bonne table. La bière
intervient dans bon nombre de préparations telles que : soupes, potages,
pains, saucissons, plats typiques, comme le choesels et les carbonades
flamandes. Les recettes de grands maîtres queux tels Dandoy et Vandenbrouck,
deux grands noms de notre gastronomie nationale, ont largement contribué à
l’utilisation de la bière en grande cuisine.
Et qu’on se le dise une fois pour
toutes : la bière et le fromage font bon ménage, mieux encore un mariage
d’amour détonnant qui fait de la mousse.
Si vous donnez une réception, ou si
vous voulez étonner vos invités, servez avec classe, comme vous le feriez
avec du vin, une ou plusieurs des 500 bières de notre pays.
Et n’oubliez pas que chaque type de
bière à son verre spécifique.
La bière de dégustation se conserve
en général dans un réfrigérateur entre 6 et 8 degrés, soit 2 à 3 degrés de
plus que pour une bière désaltérante.
Première approche : la vue, pour
juger de la couleur entre blond très pâle et brun – noir.
Ensuite, l’odorat : le nez joue un
grand rôle. Puis retour à la vue pour l’examen de la brillance et de la
luminosité ainsi que de la mousse. La bière se sert d’une seule traite dans
un verre incliné et on le redresse lentement pour obtenir le col de mousse
souhaité. Enfin le grand moment de la dégustation : goût dominant, corps,
bouquet, arôme, arrière goût, … L’impression la plus forte lorsqu’on mâche
la bière entre lange et palais.
Pour
conclure, reprenons les mots de Louise de Vilmorin, femme de lettres
française et distinguée, que l’on imagine pourtant mal une « chope » à la
main : « La vie et la bière seront toujours à la mode. L’expérience l’a
prouvé, et l’on dirait que c’est un obscur instinct de conservation, un
rationnement inconscient de notre nature qui nous porte en dépit des
inventions modernes, à faire usage de la bière comme d’un ensemble de
charmes qui peut, a coup sûr, protéger et ainsi prolonger notre vie à
laquelle nous tenons tant ! ».